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Être enfant en Mission

12 avril 2022
Quitter la France pour la Mission, c’est y laisser des choses concrètes et palpables, et d’autres un peu indéfinissables, que l’on ne peut pas emporter avec soi. Parmi elles, l’odeur de la France. À chaque fois que nous sommes revenus dans notre pays, lorsque nous sortions de l’avion pour prendre la passerelle menant à l’intérieur de Charles-de-Gaulle, nos quatre filles humaient goulûment l’air de Paris, l’air de la France. L’assurance que nous étions de retour chez nous nous saisissait là, à l’aube, dans cet air frais et chargé d’odeurs de ville, de pollution et d’herbes mélangées et …typiques de notre patrie.

À l’opposé, la descente d’avion au retour nous replongeait dans notre patrie d’adoption, avec son air chaud et humide tellement présent qu’on avait le sentiment d’y entrer, ses odeurs de fruits et de fleurs mêlées à celles de carburant ou de petits tas de déchets domestiques brûlants à l’entrée des ruelles.  D’un pays à un autre, en raison du climat, des températures et de la vie même du pays, les odeurs diffèrent.

Chaque année, nous recevions des colis de notre famille, de nos amis, ou même d’églises qui pensaient à nous qui étions loin. S’il fallait aller à la poste ou si le colis était livré, cela se faisait pendant que nos filles étaient à l’école, et l’objet de leurs attentes trônait sur la table du salon jusqu’à leur retour. Avant de l’ouvrir, nous prenions bien le temps le regarder et d’en savourer la présence : on regardait qui l’avait envoyé, et quand, on cherchait les moindres traces d’affection dans la façon dont étaient écrits les noms et prénoms…puis venait le moment de l’ouvrir. De ces colis sortait toujours une odeur, qui était plus encore que la simple fragrance des éléments du colis, c’était une odeur de la France, et un parfum d’amour. On déballait avec soin, classait, commentait et rangeait soigneusement dans le réfrigérateur, se promettant de faire durer aussi longtemps que possible les trésors d’affection et de gourmandise reçus.

Quel bonheur de voir débarquer dans notre univers asiatique des éléments de notre pays, si chargés d’affection.

Une sœur de France a fait un travail plein d’amour qui a marqué nos enfants : à chaque anniversaire elle et son mari envoyaient une carte avec un petit mot nominatif et dans la carte… un chewing-gum ! Ah, ces chewing-gums ! Ils ne furent jamais mangés, car ils avaient parfois tant voyagé et dans de telles conditions, qu’il n’était plus possible de les décoller de leur papier, mais surtout car il fallait en faire durer l’odeur. Ils ne furent jamais mangés, mais ils ont fait une longue œuvre de témoignage : en évidence parmi leurs trésors d’enfants ou glissés dans une des pochettes de leur cartable, ils les accompagnaient pendant de longs mois. J’en ai encore trouvé lorsque nous avons quitté le champ missionnaire !

Je voudrais vous citer tous, et vous remercier de nous avoir tellement bénis ! Dans leurs moments difficiles, ces marques d’affection ont été un baume sur le cœur de nos enfants qui nous avaient suivies là où Dieu nous avait envoyés. Vous les avez bénies, vous les avez aimées, sans les connaître parfois, vous avez été les mains de notre Père venant jusqu’à nous, répandant au travers de l’odeur de la France, la bonne odeur de Christ.

Raphaëlle, missionnaire en Asie du Sud-Est